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Un récit : Celui d'un équipier de Myth of Malham [8682 lectures] 
 
  27/02/2009 22:36 par Webmaster supin 
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"Myth of Malham",
le plus célèbre des voiliers d'Illingworth
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En 1971, alors qu'il était devenu la propriété d'un skipper breton, "Myth" embarque des équipiers pour des croisières-école. Jacques Brasseul, la vingtaine, inexpérimenté en navigation hauturière embarque. Il nous livre aujourd'hui le récit de sa navigation à bord du légendaire plan dessiné par Jack Laurent Giles en 1947.



... suite :
Myth of Malham

Été 1971, croisière Paimpol-îles Scilly-Paimpol



Une croisière de 15 jours au départ de Paimpol, sur le Myth of Malham, bateau construit en 1947 pour John Illingworth et vainqueur du Fastnet en 1947 et 1949, programme : Traversée vers le Devon et les Cornouailles, côte des Cornouailles, îles Scilly, retour à travers la Manche vers la Bretagne. Le skipper, un breton de Paimpol, avait acheté le bateau en Angleterre et cherchait à le rentabiliser en organisant des croisières-écoles.


imageCela s'est passé il y a 38 ans, et mes souvenirs sont un peu effacés. Je n'étais qu'un équipier, payant, et je ne connaissais personne à bord avant de m'embarquer. Mon expérience de la voile était surtout une expérience de régates et de dériveurs, mais très peu de croiseurs, et pas du tout de vie à bord en mer.

J'avais une vingtaine d'années, je faisais de la voile depuis que j'étais enfant, sur l'Atlantique surtout, et après un séjour d'un an comme étudiant à Montpellier, j'avais commencé à tâter du croiseur à Sète, sur un Écume de mer, mais seulement à l'occasion de sorties à la journée.

La croisière a été superbe, en plein été, je me souviens d'une escale magique à Torquay, d'une montée difficile vers les îles Scilly, à tirer des bords toute la journée et une partie de la nuit dans la brise, puis deux jours aux Scilly, un endroit superbe, un lieu marin magnifique. Une soirée notamment dans une taverne du port, où les Anglais se sont mis à chanter à plein poumon un Rule, Britannia, Britannia rules the waves! qui faisait comprendre tout d'un coup des tas de choses : la force du patriotisme anglais, l'importance de la mer dans l'histoire de la Grande-Bretagne, la fierté de ces gens devant le passé glorieux de leur pays, la fraternité qu'ils éprouvaient ce soir-là.

À l'aller, j'avais été impressionné par le skipper et ses qualités. Une drisse s'était coincée en haut du mât, et dans la houle, je l'ai vu monter tout en haut pour réparer. Le bateau était malmené, le mât oscillait de façon incroyable, et lui, pas du tout impressionné, est resté près d'une heure au sommet à démêler les câbles.

Le seul problème était la vie commune à bord, il s'agissait d'un équipage hétéroclite de gens qui ne se connaissaient pas, et qui tout d'un coup devaient cohabiter dans cet espace réduit. Je ne me suis pas entendu du tout avec les autres, avec qui je n'avais aucun point commun, aucune affinité, aucune discussion intéressante possible. J'ai beaucoup apprécié la voile, les escales, la mer, le bateau, mais pas du tout mes coéquipiers et les contraintes de ces quinze jours. Heureusement, j'avais emmené des bouquins, et, dans les longues traversées, je me souviens avoir passé des heures à bouquiner. Notamment m'être échappé dans la lecture passionnante du Godfather, de Mario Puzo avant que le film ne sorte, un gros volume, en anglais, qui m'a en quelque sorte sauvé la mise durant les longues heures d'ennui de la vie commune.

Sur le plan du confort, le bateau était limite, très étroit, en assez mauvais état, il avait visiblement besoin d'une remise à neuf, mais le propriétaire n'en avait visiblement pas les moyens. Il cherchait justement avec ses croisières à gagner un peu d'argent pour le retaper. Le bateau avait quand même un quart de siècle et l'usure était évidente. D'ailleurs l'année suivante, en 1972, il a coulé, entre la Bretagne et l'Angleterre, durant une course au large, en perdant le lest de sa quille. Je l'ai appris dans un numéro de Bateaux par la suite. Je ne sais pas ce qu'est devenu le propriétaire, je crois qu'il a été secouru, ni bien sûr ce que sont devenus mes coéquipiers, dont j'étais bien content de me séparer après ces quinze jours qui m'ont paru une éternité.

Une expérience très positive sur le plan de la mer, de la croisière, de la voile, mais plutôt négative sur le plan humain. Cela ne pas empêché de continuer, car j'adore la mer et le bateau, j'ai fait de nombreuses croisières par la suite et je continue, j'ai été propriétaire de plusieurs bateaux, et j'ai transmis le goût de la voile à mes enfants.




J. Brasseul, Toulon, février 2009



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Paimpol-Torquay-Sorlingues-Paimpol, juillet 1971, Myth of Malham





Cet article sur Myth of Malham inaugure une rubrique dédiée aux voiliers d'Illingworth
 
 
 
 
 
 

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