Qui veut acquérir, rapatrier, restaurer et faire naviguer le fameux Maïca sur ses anciens terrains de jeux ?
Convaincu que Maïca mérite d'être restauré et classé "MH" (Monument Historique) il reste à trouver les moyens humains et financiers pour que puisse à nouveau s'animer l'alidade de son compas (ci-dessus)...
Mise à l'eau de Maïca. Cécile Rouault : "C'était à Pâques, en 1960 et il faisait un froid de canard..." Photo collection Cécile Rouault
NAISSANCE D'UN MYTHE
1962 Maïca remporte le championnat du RORC, Graal de la course-croisière
Fin des années 50, le yachtman français Henry Rouault commande au cabinet d'architectes Illingworth & Primrose le plan d'un voilier, Maïca, destiné à remplacer son Dragon inadapté au nouveau programme qu'il envisage : la course-croisière.
Le choix du cabinet d'architectes est dicté par les performances de l'un de ses plans antérieurs, celui du Myth of Malham et par son aspect économique. Il s'agit effectivement d'un petit bateau qui se permet de remporter de nombreuses courses (Fasnet, Admiral's Cup...) devant des unités bien plus importantes et bien plus coûteuses.
Confort et esthétique obligent, le plan de Maïca sera plus classique en restant toutefois économique à construire et très compétitif puisque l'équipage français enlève pour la première fois aux anglais en 1962 le Graal des championnats de course-croisière, à savoir celui du [url]Royal Ocean Racing Club[/url] (RORC). Shocking !
Fort de ses succès en course, confortable et économique, Maïca donnant son nom à la série sera construit à une centaine d'exemplaires par une dizaine de chantiers navals dont les Constructions Mécaniques de Normandie dirigées par Félix Amiot à Cherbourg qui en produiront 38 dans sa version dite « à voûte » plus élégante et plus rapide encore.
Aux CMN à partir de 1962, le Maïca sera construit par petites séries de 10 unités. Illingworth dira qu'il s'agissait du seul chantier à sa connaissance capable de livrer un bateau à la date prévue...
Photo archives CMN
MAÏCA AUJOURD'HUI
Le retour de Maïca
Grâce au site internet, le propriétaire du tout premier Maïca que je pensais détruit m'a contacté au mois de mai 2009 ce qui m'a donné un bon prétexte pour aller le voir à Vancouver (7821 km du Bono à vol d'oiseau...), bien abrité dans le petit hangar que son propriétaire lui a spécialement construit avant de prendre la décision de s'en séparer.
Alléché par la perspective de voir ce bateau mythique mouillé sur un corps-mort du Bono, j'ai proposé à un ami de participer à son acquisition et de le rapatrier d'abord par la route jusqu'à Montréal puis par la mer.
Mais après une première approche du bateau, j'ai pu constater l'existence de faiblesses structurelles qui interdisent toute remise à flot sans travaux importants et de leur incontournable appui financier. La recherche de ce dernier nécessitant des moyens humain et juridique, ne serait-il pas opportun de participer à cette mission dont l'un des objectifs serait de pouvoir bénéficier de la réputation de Maïca ?
Maïca face à sa destinée... Photo webmestre
ILLINGWORTH
"Le père fondateur de la course océanique moderne"
John Illingworth
Revenons au "Captain" John Holden Illingworth RN, officier-ingénieur de la Royal Navy de 1919 à 1945 et commodore du RORC de 1948 à 1950.
Avant-guerre, ce sportif accompli (voile, polo...), gagne bon nombre de courses en canot automobile et en voilier. Après guerre, il est à l'origine de la première Sydney-Hobart qu'il remporte avec Rani.
En 1946, Illingworth impose à Laurent Gilles ses points de vue pour la conception de Myth of Malham puis s'associera à Angus Primrose pour la conception de Maïca et de Gipsy Moth IV notamment avec lequel Sir Francis Chichester bouclera le premier tour du monde en solitaire en 1962.
Ses ouvrages « Offshore » puis « Further Offshore » (traduits en français Course-Croisière), bibles de la course-croisière seront édités pendant 29 années, de 1949 à 1978. Sa carrière exceptionnellement longue comme celle d'Olin Stephens est à l'origine de la démocratisation de la course-croisière grâce notamment à la création du "Junior Offshore Group " (JOG).
Ci-contre, John Illingworth et Angus Primrose en entretien avec Edouard Michel, premier propriétaire du CMN n°4 "Pherousa" devenu "Trident" lorsqu'il fut acquis par l'Ecole Navale.
BURNE'S SHIPYARD Ltd
Burne's Shipyard, le constructeur de Maïca
Maïca qui est donc le prototype de la série a été construit à Bosham, par le chantier Burne's Shipyard aux Normes Lloyd's 100-A1 Life Boat Standards.
Cette norme applicable aux canots de sauvetage implique que la coque est susceptible de pouvoir être jetée à la mer d'une hauteur de 10 mètres et ce, à plusieurs reprises.
Ainsi, par exemple, la cohésion de la coque est assurée par des bordés d'un seul tenant et les varangues sont nombreuses.
Ci-contre, aucun Maïca mais 5 autres unités en chantier dans un hangar de Burne's Shipyard.
Maïca y a sans doute été construit. Notez la cravate du second employé sur la gauche de la photo... So british !
Longueur hors-tout 10,08 m. Longueur flottaison 7,32 m. Bau maximum 2,74 m. Tirant d'eau 1,74 m. Déplacement 5,3 t. Surface voilure 54,9 m²